1️⃣ L’IA assèche le marché de la mémoire

L’explosion des usages IA (formation et inférence) a profondément reconfiguré la demande en semi-conducteurs et en mémoire :

? Des besoins colossaux

Les clusters GPU, les serveurs d’entraînement et les infrastructures ML consomment des quantités de mémoire inédites :

• HBM (High Bandwidth Memory) pour les GPU haut de gamme, requis par les modèles larges.
• Modules RDIMM / LRDIMM ECC hautes capacités et débits pour les serveurs.
• Modules spécialisés très haut débit pour les datacenters IA.

? Priorité industrielle pour les technologies les plus rentables

Les grands fabricants (Samsung, SK Hynix, Micron) priorisent désormais les lignes de production les plus rémunératrices : HBM3E, modules serveurs haut de gamme et solutions spécifiques aux centres de données IA. Cette priorisation réduit la capacité allouée à la DDR5 « grand public / workstation », créant une pénurie relative et entraînant une hausse des prix.

2️⃣ La DDR4 s’efface, la DDR5 devient incontournable

Les nouveaux sockets CPU et les recommandations des constructeurs ont accéléré la transition :

? Adoption forcée par les plateformes CPU

Les dernières générations de processeurs et de cartes mères ne laissent plus d’alternative : de nombreuses puces Intel et AMD actuelles sont optimisées — voire limitées — à la DDR5. Cette suppression progressive de la DDR4 réduit les alternatives pour les intégrateurs et concentre la demande sur la DDR5.

? Effet de bascule sur la demande

Quand des millions de machines migrent vers DDR5, la demande augmente mécaniquement ; si l’offre n’accompagne pas immédiatement, les prix s’ajustent à la hausse.

3️⃣ La DDR5 reste une technologie plus complexe & coûteuse

Même si la DDR5 est désormais largement déployée, elle conserve des aspects techniques qui la rendent plus coûteuse :

• Intégration du PMIC (gestion d’alimentation) sur le module.
• Contrôles qualité renforcés liés aux fréquences et à la signalisation haute vitesse.
• Rendements de production moins uniformes que pour la DDR4 à certains paliers de fréquence.
• Spécifications de tension et de timing plus strictes, impliquant des tests supplémentaires.

En période de tension sur la supply chain, ces facteurs augmentent le coût marginal de production et participent à la hausse tarifaire.

4️⃣ Stocks et chaîne logistique sous pression

La disponibilité se dégrade sur certains SKUs :

• Réapprovisionnements plus lents et commandes plus longues à satisfaire.
• Variabilité des prix quasi hebdomadaire sur certaines références.
• Rareté des modules haute capacité (96 Go, 128 Go) recherchés pour stations et serveurs compacts.

5️⃣ Les usages professionnels demandent toujours plus de RAM

Les besoins réels évoluent rapidement : rendu 3D, simulation, IA locale, machine learning, post-production, machines virtualisées... là où 64 Go étaient suffisants hier, 128 Go ou 192 Go deviennent la norme pour des workflows exigeants. Cette hausse des besoins unitaires amplifie la pression sur le marché.

? Recommandations pratiques pour 2025

6️⃣ Stratégies avancées (pour intégrateurs & CTO)

Pour les décideurs techniques, plusieurs leviers sont possibles :

• Achats groupés ou contrats-cadres pour lisser les variations de prix.
• Backordering sur les SKU critiques pour garantir l’approvisionnement.
• Migration progressive vers des architectures mémoire mixtes (où possible) pour étaler la transition.
• Optimisation applicative : réduire la consommation mémoire par améliorations logicielles (cache, streaming, off-loading).

Conclusion

La flambée des prix de la DDR5 en 2025 résulte d’un cocktail d’effets : priorisation industrielle sur l’IA, disparition progressive de la DDR4, complexité technique, montée des besoins en mémoire par les workloads modernes et tensions logistiques. Il est raisonnable de penser que le marché se stabilisera à terme, mais les signaux à court/moyen terme restent haussiers.